Comme promis, et pour faire suite à mon article sur mes sorties vélo dans les Alpes,
voici un petit billet sur un col très particulier : le Parpaillon.
Une des montées du brevet des sept cols proposé par les communes de la vallée de l'Ubaye est la station de ski de Ste Anne-La Condamine, en remplacement du col de Larche. Cette montée est raide,
avec 5 km à près de 9 % entre La Condamine et la station de ski. Par ailleurs, venant de Barcelonnette, l'aller-retour ne présente que peu d'intérêt, avec beaucoup de route en vallée.
En étudiant de près la carte j'ai vu qu'une route, ou plutôt un chemin, prolongeait cette montée en direction du tunnel du col du Parpaillon (altitude 2650m), puis redescendait de l'autre coté
vers le village d'Embrun (célèbre pour son triathlon) au bord de la retenue de Serre-Ponçon. Il était donc possible de faire une boucle complète, ou partielle, en partant de Barcelonnette et
passant à la fois par Ste Anne (pour le brevet) et par ce col (cliquez sur la carte pour agrandir)
Je me suis donc renseigné un peu sur le net et j'ai découvert que ce col, bien que confidentiel, était mythique pour beaucoup de cyclos. Reliant la vallée de l'Ubaye à celle de la Durance, il est
situé à 2780m. Un chemin et surtout un tunnel long de près de 500m , situé une centaine de mètres en dessous du col, ont été aménagés par les militaires français à la fin du XIXème siécle (1891)
pour des raisons stratégiques. Ils l'ont ensuite entretenu jusqu'au début des années 50. C'est alors que de nombreux cols alpins ont été aménagés et gourdonnés pour faire face à l'afflux de
véhicules, et c'est le col voisin de Vars, situé un peu plus bas, qui a été retenu. L'accès au col du Parpaillon est donc resté un chemin qui, au fil des ans et des passages, s'est dégradé. S'il
était accessible à des vélos standards il y a quelques décennies, il n'est plus praticable aujourd'hui qu'en VTT. Quant au tunnel, il a été rénnové en 1991 (pour son centenaire) pour cause
d'éffondement de la voute. Mais il reste très sommaire, sans éclairage (et donc très sombre vu sa longueur), très humide (prèsence de flaques assez profondes) et froid. Sur la carte Michelin il
est même précisé "passage interdit". Dans la réalité le tunnel est fermé avec des portails métalliques mais qui sont ouverts durant l'été et laisse ainsi passer les "aventuriers" de tout poil :
randonneurs, cyclistes, motards, quads, 4*4.
J'ai donc plannifié un parcours Barcelonnette-Embrun passant par ce col, et proposé à ma femme et mes filles de les retrouver à Embrun pour pique-niquer et profiter des activités aquatiques du
bord de la retenue (et éviter ainsi le retour long et fastideux, surtout en VTT). Comme j'avais emmené le vélo de route, j'ai donc utilisé le VTT que madame avait emmené pour elle (on voyage avec
4 vélos, un par personne) qui est suffisament grand (moyennant quelques réglages) et solide (Lapierre alu). Je l'ai équipé d'un éclairage, de pédales automatiques, et j'ai pris la précaution
d'emmener lampe frontale et vêtements chauds pour la traversée du tunnel.
Après un trajet de 24 km dans la vallée jusqu'à La Condamine (par la route), il faut attaquer la montée jusqu'à Ste Anne. Sur route, et avec les développements du VTT, cela se passe sans
problème. A la station, toute petite et déserte à cette saison, je poinçonne la carte du trophée des sept cols, et je redescends de 2km pour rejoindre le départ du chemin. Le tunnel est indiqué à
près de 12 km. Après 2 km quasi plat, qui passe devant la chapelle Ste Anne, la piste très large monte assez fortement. Puis c'est un replat d'1 km en forêt pour arriver au plan du
Parpaillon.
Là le chemin se rétrecit, devient plus pierreux, et monte en lacets jusqu'en haut avec une pente qui ne passera plus en dessous de 10%. J'entends (et même vois) des marmottes, je scrute le
compteur, je croise des motards et quelques cyclos, je fais des pauses ravitos régulières et je fini par atteindre ce fameux tunnel qu'on ne découvre qu'au dernier moment.
Je m'équipe pour affronter la traversée (lumières, Kway, surchaussure-sacs plastiques). A l'entrée il fait sombre et pendant quelques dizaines de mètres on est éclairé par l'arrière (par la porte
qu'on vient de franchir). Puis on aperçoit la sortie qui à défaut d'éclairer, sert de point de repère. La frontale ou la lampe de guidon n'ont qu'une fonction symbolique. En gardant un peu de
vitesse (c'est plat, donc assez facile), et en roulant sur le haut du chemin, on ne traverse que peu de flaques et c'est sans m'arrêter que rejoins l'autre extrémité, après avoir croisé sans
vraiment le voir, un autre cycliste.
Retrait des lumière et des sacs, et c'est parti pour la descente qui se fait vite, sur une piste large bien que caillouteuse, sans vraie difficulté technique. Après plus de 10 km de descente sur
cette piste on rejoint une route bitumée qui permet, sur plus de 15km majoritairement descendant, de rejoindre Embrun et son lac.
Le VTT a bien résisté (et c'est la première fois qu'il fait une telle montée et surtout une descente aussi rapide) mais avec les secousses j'ai perdu le compteur.
Au final un col (muletier) qui offre des paysages magnifiques et surtout le plaisir du col à part, réservé aux connaisseurs. A la confrérie des Cents Cols, il se dit même qu'il y a 2 catégories
de cyclistes : ceux qui ne l'ont pas fait et ceux qui l'ont fait; j'en fais partie!